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 ROGATIONNISTES DU COEUR DE JESUS (RCJ) CAMEROUN

ROGATIONNISTES DU COEUR DE JESUS (RCJ) CAMEROUN

Bienvenu sur votre site d'échanges et d'informations des Rogationnistes au Cameroun.


COMMENTAIRE DU MESSAGE DU PAPE FRANCOIS POUR LA 52ème JMPV 2015.

Publié par Yonaba Jean Freddy et Mbopda Bonaventure sur 25 Avril 2015, 22:02pm

Catégories : #Echange et partage

Considérations générales (aspect juridico-magistériel).

Le texte magistériel soumis à notre commentaire est un message que le pape François, en tant que souverain pontife, chef de l’Eglise Catholique et signe visible de la catholicité ecclésiale adresse à tous les fidèles catholiques à travers le monde, à l’occasion de la 52ème JMPV qui sera célébrée ce 4ème Dimanche de Pâques appelé aussi Dimanche du Bon Pasteur. C’est un texte qui entend s’adresser à toute l’Eglise dans ses différentes composantes, c’est pourquoi le pape commence son texte par la mention « chers frères et sœurs », pour dire que c’est toute l’Eglise qui est concernée par ce qu’il va dire, à la différence de certains textes magistériels où le pape s’adresse d’abord aux Evêques, ses frères dans l’épiscopat, aux prêtres, aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles. Par l’expression « chers frères et sœurs », ce texte épouse un style homilétique et commence sur un ton spirituel, c’est comme une sorte d’exhortation. On se demande donc en tant que lecteur avisé où se situe la teneur juridico-magistérielle de ce texte du souverain pontife ? Le souverain pontife en tant que chef de l’Eglise exerce un magistère ordinaire et extraordinaire. En ce qui concerne le magistère extraordinaire du pape, il s’agit par exemple de la définition d’un dogme ou de la convocation d’un concile. Quant à son magistère ordinaire, le souverain pontife l’exerce de façon continue à travers ses différents écrits : au nombre desquels on peut mentionner les constitutions apostoliques, les encycliques, les exhortations apostoliques, les lettres apostoliques, les motu proprio, les messages, les homélies, les audiences etc. On voit donc clairement que ce message du pape s’inscrit dans l’exercice de son magistère ordinaire et donc dans la tradition des écrits magistériels et ce n’est pas non plus anodin la référence qu’il fait dans ce message à certains documents magistériels qu’il cite à trois reprises. D’abord il cite Ad Gentes le décret conciliaire du IIème concile de Vatican sur l’activité missionnaire de l’Eglise (thème qu’il a longuement développé dans Evangelii Gaudium exhortant l’Eglise à l’exode, c’est-à-dire la sortie missionnaire vers les périphéries de l’existence humaine), il veut par là nous dire que non seulement l’Eglise est par nature missionnaire mais aussi qu’elle est confrontée à l’heure actuelle à des défis missionnaires qui nécessitent des méthodes et des approches nouvelles de l’annonce de l’Evangile, car les vocations émergent de l’annonce et du témoignage authentique de l’Evangile de Jésus Christ. Comme l’Eglise la baisse des vocations est un signal fort qui montre que les vocations elles aussi sont confrontées à des défis qui nécessitent une action concertée de toute l’Eglise. Ensuite le pape cite la lettre encyclique Deus caritas est de Benoit XVI, pour nous montrer que l’exode est un chemin permanent que doit parcourir le je enfermé dans son égoïsme mieux dans son autarcie pour reprendre le terme d’Emmanuel Levinas, et cette sortie est pour le je une libération afin de se découvrir soi-même et plus encore de découvrir Dieu. Enfin le pape cite l’exhortation Evangelii Gaudium par lequel il nous montre que la communion du disciple au Christ est essentiellement comme communion missionnaire qui ouvre les horizons du disciple et le pousse à aller vers les périphéries du monde qui ont besoin de la Lumière de l’Evangile.

Il faut souligner que ce texte est écrit dans un contexte mondial marqué par différentes violences contre la liberté religieuse et dont les chrétiens subissent les conséquences, il devient donc de plus en plus difficile de témoigner sa foi et surtout de s’engager dans la mission évangélisatrice de l’Eglise à travers la vie consacrée et sacerdotale, d’où la forte baisse des vocation reconnu ouvertement par le pape François lui-même lorsqu’il s’adressait le 11 Avril 2015 à Rome dans un discours aux participants du congrès international des formateurs à la vie consacrée. Dans le contexte ecclésial ce message intervient dans une Eglise marquée par les différents défis de la nouvelle évangélisation, les défis de la famille, la célébration de l’année de la vie consacrée et surtout par la publication depuis l’an dernier de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium. En choisissant comme thème de cette 52ème JMPV : « l’exode, expérience fondamentale de la vocation », le pape s’inscrit donc dans la continuité de son exhortation Evangelii Gaudium invitant l’Eglise toute entière à une sortie missionnaire vers les périphéries.

L’aspect biblique du message.

Ce message du pape s’est enraciné et s’enrichi par les différentes références et allusions à l’Ecriture. Le thème de ce texte : « l’exode, expérience fondamentale de la vocation » nous renvoie directement à la merveilleuse histoire d’amour entre Dieu et son peuple consigné dans le livre de l’Exode. Ce thème de l’exode est donc à première vue bien enraciné dans l’expérience vétérotestamentaire du peuple juif, mais curieusement des six citations directes de l’Ecriture, le pape ne cite qu’une seule fois un texte de l’Ancien Testament en occurrence le 7ème verset du chapitre 3 du livre de l’Exode : « j’ai vu la misère de mon peuple en Egypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui je connais ses souffrances ». Le reste des cinq autres références sont du Nouveau Testament. Il cite 3 fois l’Evangile de Luc, une fois celui de Matthieu, et une fois Paul dans sa lettre aux Ephésiens. Comment interpréter ce que nous pouvons qualifier de « déséquilibre » dans ces citations bibliques ? En réalité il n’y a pas de déséquilibre, le pape parle de la vocation comme sequella Christi, comme appel à suivre le Christ présent dans toute l’Ecriture certes, mais encore plus présent et plus agissant dans le Nouveau Testament, d’ailleurs le Nouveau Testament peut être défini comme un ensemble des paroles et des faits de la vie de Jésus mis en écrit par des chrétiens pour une meilleure compréhension du message évangélique et l’édification des frères de génération en génération. Pour dire qu’en faisant davantage référence au Nouveau Testament, le pape veut indique le Christ modèle de toute vocation et de tout appelé. Pour davantage appréhender le sens de ces citations bibliques et découvrir leur lien intrinsèque avec l’ensemble du message, analysons succinctement un à un ces passages.

-Exode 3, 7 : Le livre de l’exode, le second de la Bible dans l’ordre canonique que nous avons est un livre particulier pour le peuple de l’ancienne alliance. En effet le peuple juif connait YHWH avant tout comme un Dieu libérateur. Si par le passé certains exégètes ou théologiens ont une réticence vis-à-vis de l’Ancien Testament parce que pour eux le Dieu qui y est présenté est un Dieu belliqueux, qui fait la guerre, qui tue et qui est finalement mauvais opposé au Dieu Bon que Jésus nous présente dans le Nouveau Testament, allant jusqu’ à rejeter l’Ancien Testament à l’instar de Marcion, ce passage de Ex 3, 7, nous présente un Dieu Bon, un Dieu qui à un cœur d’une maman, un Dieu comme dirait un Rogationniste compatissant, qui souffre avec son peuple : « j’ai vu la misère de mon peuple en Egypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui je connais ses souffrances ». Ici le pape veut nous faire comprendre à travers ce passage que l’exode comme expérience fondamentale de la vocation, même si nécessitant un effort de notre part est d’abord et avant tout l’initiative de Dieu qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière. On ne s’improvise pas appelé mais on reçoit un appel de Dieu qui veut nous faire sortir des différents Egypte où nous sommes en esclavage. Il faut simplement ouvrir notre cœur et laisser Dieu faire son travail.

-Luc 1, 39 : Ce texte fait partie de la grande unité du genre Evangile chez Luc que les exégètes qualifient de l’Evangile de l’Enfance, parce qu’elle raconte l’annonce de la naissance de Jean Baptiste et de Jésus, la visite de Marie à Elisabeth sa cousine, la réalisation de ces naissances, la circoncision des nouveau-nés et la présentation au Temple. Ce verset de Lc 1, 39, nous fait comprendre qu’ « en ce temps-là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays dans une ville de Juda ». Nous sommes ici juste après l’annonce de la naissance de Jésus à Marie et celle-ci après avoir prononcé son fiat se met directement en mouvement. Elle est en exode, en sortie de soi-même pour se rendre chez sa cousine, pour aller rencontrer l’autre. Si le pape cite ce texte, c’est pour nous montrer que toute vocation tout appel reçu de Dieu doit nous pousser hors de nous-mêmes dans une sorte d’exode, pour pouvoir rencontrer l’autre et partager avec lui la joie d’être l’élu de Dieu. On ne peut donc pas recevoir un appel de Dieu et rester immobile, bras croiser. Il ne s’agit pas forcement d’effectuer un mouvement physique mais bien plus un mouvement de notre conscience, sortir de nos convictions, de nos idées sur nous-mêmes, sur Dieu et sur les autres, à chacun d’interroger sa conscience.

-Luc 10, 1-16 : Le pape en citant ce passage dans son texte, l’a scindé en deux, c’est-à-dire qu’il commence par citer Lc 10, 2 avant de citer Lc 10, 1-16, mais nous choisissons de prendre ce texte dans son ensemble c’est-à-dire le 10ème chapitre de Luc du premier au seizième verset, en tant qu’une unité autonome ayant un même sitz im leben. Ce passage nous met en plein contexte d’envoi en mission des 72 disciples par Jésus. Ici nous sommes dans un discours missionnaire que Hugues COUSIN[1], un exégète français recommande de lire en parallèle avec Lc 9, 3-5. Jésus donne aux disciples le cahier de charge de leur action missionnaire, et la première chose qu’il leur recommande c’est de prier : ROGATE ! Parce que la moisson est abondante. La moisson représente ici la mission et les disciples sont les moissonneurs appelés à travailler dans cette moisson. Nous sommes ici en plein cœur du charisme Rogationniste. Autant il est important de prier pour les vocations autant il est important pour nous qui avons répondu positivement à cet appel de demander l’assistance de l’Esprit Saint afin que comme a dit le pape il « nous introduise dans ce dynamisme missionnaire, en suscitant en nous le désir et le courage joyeux d’offrir notre vie et de la dépenser pour la cause du Royaume de Dieu ». Et le pape ajoute encore que « l’offrande de sa vie dans cette attitude missionnaire est possible seulement si nous sommes capables de nous-mêmes ». Sortir de soi-même est le chemin d’une authentique liberté et c’est dans ce sens que Jésus donnera beaucoup d’autres consignes et recommandations aux 72 disciples, qui visent à stimuler leur engagement missionnaire. Par exemple en entrant dans une maison dire « paix à cette maison » (Lc 10, 5) Sommes-nous des artisans de paix autour de nous ? Sommes-nous capables d’accepter et de dire la vérité ? Avons-nous un cœur capable de vivre dans la justice et de faire miséricorde ? Sommes-nous capables de nous réconcilier avec nous-mêmes avec nos confrères et avec Dieu ? Sommes-nous humbles pour reconnaitre que nous avons tort et demander pardon. Car la paix que Jésus nous envoie donner rime avec toutes ces vertus que je viens de citer. Je me renvoie moi-même et chacun de nous ici présent à sa propre conscience.

Matthieu 19, 29 : Ici Jésus est déjà en route vers Jérusalem, notre péricope se situe dans un ensemble de discours sur l’Eglise. Jésus nous enseigne la valeur du détachement lorsqu’il affirme que « quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra beaucoup plus et, en partage, la vie éternelle ». Il ne s’agit pas simplement de laisser temporairement mais plutôt de quitter, de se séparer de ses assurances, d’effectuer un exode, dans une certaine insécurité qui deviendra sécurité dans la confiance en son nom comme quelqu’un l’a dit dans un article dans Echange et Partage. Quand on est attiré par la vie d’errance de Jésus, son insécurité sociale, on doit forcement se détacher de non pas des maisons et des femmes qu’on posséderait mais plutôt se détacher pour notre cas précis de ses téléphones aux multiples options comme wathsApp, Viber, Skype, ses laptops ses personnes préférées dans la communauté, ses communautés préférées qu’on ne veut pas quitter, ses responsabilités préférées, pour s’ouvrir à l’universel et en fin de compte à tout le monde. A chacun de visiter son fort intérieur.

Ephésiens 4, 22-24 : La lettre comme genre littéraire a été adopté dès les premiers siècles de l’Eglise. Elle servait non seulement résoudre les problèmes dans les communautés chrétiennes mais aussi et surtout à affermir les frères des jeunes églises dans la foi. C’est dans ce sens que Saint écrivait ses lettres. Celle adressée aux Ephésiens fait partie avec les lettres aux Philippiens, à Philémon, aux Colossiens des lettres dites de captivité. Paul y parle du dessein de Dieu et de sa réalisation dans l’histoire en Jésus Christ. Il y fait aussi une exhortation aux baptisés, les invitant au changement de mœurs, c’est donc dans cette seconde partie de la lettre que le pape François va puiser cette citation de (Eph 4, 22-24). En effet dans ce passage Saint Paul invite les Ephésiens à se débarrasser du passé, à se dépouiller du vieil homme, et à revêtir l’homme nouveau. Interprétant ce passage, le pape affirme que cette exhortation de Saint Paul est un véritable exode, un véritable passage de la servitude du vieil homme avec ses convoitises au service de Dieu dans la vérité. Sommes-nous prêts à effectuer cette sortie ? Sommes-nous prêts à devenir librement serviteur de Dieu ? A chacun d’interroger sa conscience.

L’aspect théologique du message.

Il s’agit pour nous de faire ressortir ici la valeur théologique de ce message. Et pour le faire, nous allons parler de l’exode et de son lien avec la vocation comme appel que Dieu le Père nous adresse pour suivre le Christ avec les grâces reçues de l’Esprit-Saint.

Du grec ex-odos, c’est-à-dire en dehors du chemin, mieux route de sortie, le terme exode est un terme hautement théologique. Il nous renvoie à l’histoire d’amour entre le peuple élu et YHWH, qui est en fait une préfiguration et un paradigme de notre histoire personnelle et collective avec Dieu. Au cœur de ce peuple en détresse Dieu accompli une geste (la geste au féminin comprise ici dans le jargon biblico-théologique comme un haut fait de Dieu). L’exode apparait donc comme un moment où Dieu se fait connaitre à son peuple en accomplissant de grandes merveilles dans sa vie. Dans cette expérience exodique, le désert a une place prépondérante en tant que lieu de la purification du peuple appelé à entrer dans la terre promise. Le peuple nous le savons a perdu patience au cours de sa marche à travers le désert et va même jusqu’à maudire Dieu voire même le mettre à l’épreuve. Telle est souvent notre propre expérience vocationnelle lorsque nous sommes acculés par des difficultés par des incompréhensions, on perd la patient on fait l’expérience d’un vide intérieur oubliant que la formation est un éternel probandat, un éternel chemin de la metanoia où nous devons nous purifier, purifier nos intentions et secouer notre égoïsme. Le Christ nous a pourtant montré combattre le bon combat dans le désert à travers la parole de Dieu : ce que nous faisons déjà dans la lectio divina, la méditation quotidienne. Mais est-ce que nous y mettons vraiment notre cœur où c’est tout simplement un temps de distraction, de somnolence et de rêverie ? Donc en choisissant de méditer avec nous sur l’exode, le pape nous veut vraiment nous inviter dans cette dynamique du désert comme un passage de la purification de notre vocation ou mieux de notre réponse à l’appel reçu de Dieu. Dans cette marche du désert, il y a une figure remarquable, celle de Moïse appelé par Dieu à sortir du confort du palais de Pharaon pour conduire le peuple vers la terre promise, il est pour nous la figure d’une réponse généreuse et prompte à l’appel de Dieu. Bien avant Moïse, l’histoire biblique nous présente la figure d’Abraham notre père dans la foi, qui sans hésiter, sans savoir quelle est sa récompense ni ce qui l’attend devant, quitte joyeusement sa terre vers un exode à l’inconnu dont il ne connait pas l’issu. Il fait totalement confiance à Dieu. Une autre figure est celle de Jérémie, le Seigneur l’envoie mais il hésite, il doute, présentant à Dieu ses limites, ses faiblesses comme si tout dépendait de lui, seulement que, il fini par faire confiance et s’est laissé faire. Beaucoup d’autres figures encore peuvent nous éclairer dans cet exode vocationnel mais nous allons nous arrêter ici.

Merci de votre aimable attention !

[1]Hugues COUSIN, L’Evangile de Luc, Centurion, Paris, 1993, P. 150

Conférence sur le message du pape François pour la 52eme Journée Mondiale de Prière pour les Vocations
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